TÉHÉRAN

TÉHÉRAN

TÉHÉRAN

Capitale de l’Iran, Téhéran bénéficie d’une situation privilégiée au carrefour de la route est-ouest qui longe le piémont de l’Elbourz et des voies menant aux oasis de l’Iran central et aux bassins du F rs.

Vers le nord, grâce à sa position centrale, elle commande les différentes vallées conduisant à la Caspienne. Une importante ville, Rhagès, aujourd’hui englobée dans le sud de l’agglomération téhéranaise, exploita cet emplacement dès l’Antiquité. Sa ruine au XIII^e siècle, lors de l’invasion mongole, entraîna la migration du centre urbain vers Téhéran, jusqu’alors gros village de jardiniers voués aux cultures maraîchères pour l’approvisionnement de la ville. L’élément final de la structure urbaine, la première enceinte, fut édifié par sh h Tahmasp en 1553.

À la fin du XVIII^e siècle, Téhéran, ville d’une quinzaine de milliers d’habitants, fut choisie comme capitale par Mu ムammad sh h Q dj r (1779-1797), fondateur de la dynastie des Q dj r voisine de la tribu d’origine des Q dj r, qui nomadisait dans l’Elbourz et le Gorg n. Téhéran doit surtout ce choix à des préoccupations stratégiques: les Russes menacent dès cette époque les frontières nord du pays et les Turcomans de l’Atrak, celles du nord-est. La désignation de Téhéran rejoint aussi une tradition de capitale nordique déjà bien ancrée dans la pensée politique iranienne, particulièrement des dynasties d’origine turco-mongole. Dans l’Iran des Q dj r, mal unifié, les tendances centrifuges l’emportaient largement dans les diverses provinces, particulièrement au sud et à l’est du désert central. Centre économique le plus actif du pays, Tabriz assurait l’essentiel des liaisons avec l’Europe. Aussi la lente croissance de Téhéran, sans doute 60 000 habitants en 1820, 120 000 en 1860, 210 000 en 1922, exprime l’absence, à cette époque, de toute fonction réelle de métropole. À partir de 1925, par sa vigoureuse politique de centralisation et de contrôle effectif du pays, Riza sh h créa les conditions d’un essor dès lors extraordinairement rapide: 540 000 habitants en 1939, 1 600 000 en 1956, 2 700 000 au recensement de 1966, 6 042 000 en 1986.

Cette cadence accélérée a fait de Téhéran un phénomène urbain exceptionnel, d’une rapidité de développement inégalée dans le Moyen-Orient. Cependant, la zone de recrutement de cette population ne couvre pas la totalité du pays. Au niveau des classes moyennes et supérieures, Téhéran exerce son attraction sur la majeure partie de l’Iran; elle a notamment attiré toute l’aristocratie foncière provinciale dès le début du régime Pahlavi dans les années 1930. Le cercle d’immigration des classes inférieures est resté longtemps beaucoup plus localisé: il se limitait vers 1960 à l’Iran du Nord et du Nord-Ouest et aux oasis du plateau central jusque vers Ispahan, à l’exclusion du Zagros. Cette attraction s’étend ensuite au Kurdistan et au Khorassan occidental, mais sans atteindre l’extrême sud et l’est du pays. Les activités tertiaires dominent la vie de Téhéran et emploient l’essentiel de la population: administration, services publics, commerce et domesticité. Le secteur secondaire est représenté par le textile, le ciment, la porcelaine et la poterie, les équipements électriques et les produits pharmaceutiques.

Au début des années 1930, Riza sh h a surimposé à l’ancienne ville un damier géométrique de larges avenues; celui-ci lui donne une physionomie très moderne et a servi de base à toutes les extensions ultérieures. Les aspects orientaux se retrouvent dans les étroites ruelles recoupées, dans la partie ancienne, par ce quadrillage. Mais le remplissage de ce cadre a été désordonné et inégal, sous le signe d’une intense spéculation foncière; les lotissements ne se sont multipliés que dans les années 1960. La ville est longtemps restée basse, en même temps qu’elle s’étendait démesurément; les grands immeubles ne se sont généralisés, dans le centre, qu’à partir des années 1970.

Au cours de cette extension contemporaine, le régime de l’alimentation en eau a entraîné le développement d’une dissymétrie sociale bilatérale, un des traits majeurs de la structure urbaine. Une pénurie croissante d’eau a marqué l’époque de l’explosion urbaine: la population sextuple entre 1920 et 1955, mais les ressources en eau ne font que tripler. De ce fait, les quartiers de résidence aisés ont migré vers le nord, au pied de la montagne, vers les eaux pures près de l’origine des canaux de distribution; les classes pauvres, par contre, s’entassaient dans la ville du sud et recevaient de plus en plus maigrement une eau de plus en plus polluée. La recherche de la fraîcheur estivale a joué dans le même sens: au nord, la ville a rejoint, au pied de la montagne, les anciens villages de villégiature d’été du XIX^e siècle, Tadjrich et Chimran, devenus aujourd’hui lieux de résidence permanents pour les classes aisées. Une transformation des structures professionnelles a accompagné cette migration de la ville. Excentré et englobé dans les quartiers pauvres du sud, le vieux bazar décline, face au nouveau centre commercial situé plus au nord. Lors de la guerre Irak-Iran, Téhéran a été bombardée par les Irakiens («guerre des villes» au printemps de 1985).

Téhéran

(en persan Tahrân) cap. de l'Iran, sur le flanc sud de l'Elbourz, à 1 150 m d'altitude; 5 734 000 hab.; chef-lieu de la prov. du m. nom. Au carrefour des princ. voies de communication du pays, la ville est un grand centre commercial et industriel.

— Universités. Palais. Mosquée Sépahasalar. Musée archéologique.

— La ville, cap. de la Perse à partir de 1788, fut développée par Rîza Pahlavi. En 1943, elle fut le siège de la prem. conférence des chefs alliés (Churchill, Roosevelt et Staline).

Encyclopédie Universelle. 2012.